En novembre dernier, les rôles se sont inversés pour Pascal Perri, journaliste chez LCI. Sacrés Français a eu l’opportunité d’interviewer l’économiste et géographe français, lors de son passage dans les locaux. Pascal Perri a pu faire part de sa vision du Made in France, de son engagement et souligner l’importance capitale du savoir-faire français dans notre société actuelle, où il est aujourd’hui oublié par la majeure partie des consommateurs.

Ainsi, vous pourrez lire ci-dessous une retranscription de cette conversation :

Pascal PERRI : Pendant tout le mois de décembre sur LCI, nous avons défendu l’idée qu’il fallait soutenir le commerce et l’artisanat. Derrière cette idée simple, il y avait aussi celle qu’il faut soutenir ceux qui travaillent et produisent en France. C’est peut-être la raison pour laquelle je porte des costumes fabriqués à Limoges : des costumes BELLEVILLE. J’ai même des lunettes NATHALIE BLANC, dont les montures ont été fabriquées dans le Jura et des verres ESSILOR, champion français de la vision.
Je suis extrêmement fier aujourd’hui que nous ayons en France des producteurs français, qui répondent à cette demande simple des consommateurs : bien s’habiller.

Pour quelles raisons es-tu engagé dans le Made in France ?

Pascal PERRI : Le Made in France qu’est-ce que c’est pour moi ? C’est une certaine idée de la souveraineté, de la souveraineté économique. Certes il y a des choses qu’on ne fera jamais en France : on ne va pas faire du café ou du cacao. En revanche, on a une avance technologique et un savoir-faire historique. L’avance technologique c’est par exemple la voiture de demain et le savoir-faire historique c’est le domaine de la mode, le domaine de la maroquinerie ou encore de la sellerie, et là nous avons un vrai savoir-faire qu’il faut protéger. Ce sont des produits qui donnent un revenu suffisant aux producteurs et qui sont vendus à un prix acceptable par le consommateur.

Pour le producteur, quand on achète en France, vous votez avec votre carte bancaire. Vous achetez des produits qui mobilisent la force de travail des Français : le savoir-faire. Cela permet de payer des cotisations sociales, la sécurité sociale, l’assurance retraite et le modèle social dans lequel on aime vivre en France. Vous payez des impôts, personnellement je préfère quand mes impôts tombent dans les caisses françaises que dans les caisses chinoises ou allemandes, même si j’ai un grand respect pour les Chinois et les Allemands.

Tout ça doit être fait et c’est presque le cas dans tous les secteurs, à un prix qui est acceptable par le consommateur.

Coluche disait : « C’est facile de savoir quels produits sont faits en France, ce sont les plus chers »

Pascal PERRI : Coluche avait raison. Les produits français sont parfois plus chers. Mais si Coluche était là, je lui dirais : « Moi je n’ai pas les moyens d’acheter bon marché ». Je lui répèterais ce que me disait ma grand-mère : « Je n’ai pas les moyens d’acheter bon marché, parce que quand j’achète trop bon marché je sais que j’achète de mauvaise qualité, je suis obligée de les renouveler ». Il y a un double coût : le coût direct, et je m’aperçois à la fin de l’année que j’ai acheté plus cher des produits bon marché, et le coût global qui est ce que ça me coûte à moi, ce que ça coûte aux autres, ce que ça coûte à la société, un produit de mauvaise qualité qu’on a acheté pas cher coûte en réalité beaucoup plus cher.

Y a-t-il un avantage pour les consommateurs à acheter des produits aussi chers ?

Pascal PERRI : Quand on achète en France, on achète dans la proximité. Même si je vis à Marseille et que j’achète un produit qui a été fabriqué à Strasbourg, je suis toujours dans une forme de proximité. Peut-être que c’est un peu plus cher, mais ça permet de réduire l’empreinte environnementale de l’acte de consommation et de séquestrer de la valeur sur le territoire national. C’est du bon PIB.
Il y a deux PIB : le PIB qu’on fait quand on achète une paire de basket qui est arrivée au port de Marseille à 5€ et qu’on achète à 150€. C’est un mauvais PIB parce que ça ne laisse aucune empreinte durable dans l’économie française. En revanche, vous avez acheté quelque chose qui est fabriqué à Limoges, qui permet de payer des employés qui achètent une maison, paient leurs dépenses courantes, paient des impôts, des cotisations sociales, vous avez maintenu un savoir-faire. C’est du bon PIB, qui laisse une empreinte très positive.

Quelle-est ta réplique de film favorite ?

Pascal PERRI : « Le prix s’oublie, la qualité reste ! » (Les Tontons Flingueurs)