Pour consommer 100 % français, il ne suffit pas simplement d’acheter un produit fabriqué en France. D’autres critères, comme la marque, la provenance, le producteur et les étapes de conception entrent en compte pour avoir une consommation réellement française, écrit Romain Gavache, country manager chez leDenicheur.fr.

Consommer au maximum pour contribuer à la relance de l’économie ? Privilégier le made in France pour sauver les entreprises françaises ? Les mécanismes de cette relance keynésienne ne sont pas évidents. Avoir un impact positif nécessite plutôt d’acheter en tenant compte de la chaîne de production dans son entièreté – autant que faire se peut.

Consommer français et acheter made in France ne sont pas toujours synonymes, et il est important de prendre en compte certains paramètres pour soutenir effectivement l’économie française et son tissu d’entreprises.

Interroger toute la chaîne de production

Quand on pense «produit» on imagine l’objet fini que l’on achètera, et pas les innombrables étapes et petites mains qui ont été indispensables à sa création. Il faut pourtant y penser pour donner l’impact désiré à sa consommation. S’il varie en fonction du produit, le processus de production implique généralement une conception, des matières premières et une transformation qui peut avoir lieu à différents endroits. L’électroménager, par exemple, peut ainsi être designé au Danemark et construit à Taïwan avec des matériaux chinois et indiens. S’ensuit ensuite la phase de distribution, elle-même segmentée entre les acteurs que sont les transporteurs, grossistes, détaillants…

Consommer made in France ne doit donc pas prendre uniquement en compte le produit fini, mais bien ces étapes indissociables. Le consommateur désireux de soutenir l’économie nationale, voire locale si l’on parle par exemple de l’alimentaire, doit tenir compte de l’ensemble du parcours, car son achat n’impliquera pas seulement la marque française qui vend le produit : c’est tout un écosystème économique qui en bénéficiera, dans un modèle de «ruissellement» positif.

Adopter une approche holistique

Lors de l’achat d’un produit, il donc faut prendre en compte la marque, la provenance, le producteur et les étapes de conception pour avoir une consommation réellement française. Sans la dimension holistique de cette approche, il sera difficile d’être réellement sûr que son impact soit positif – et non de façade. La marque initialement française de téléphone Wiko, par exemple, est ainsi aujourd’hui exploitée par un groupe chinois.

Mais, même avec la meilleure volonté du monde, il n’est pas possible de disposer d’une traçabilité absolue de tous les produits. Dans les secteurs de l’alimentaire ou de l’habillement cela est relativement possible, grâce aux informations disponibles sur l’origine du fruit ou légume, par exemple, ou du textile et du lieu de l’atelier. Mais dans le cas d’objets plus complexes, comme l’électronique, les composants sont si nombreux qu’il est impossible de les détailler tous ; d’autant plus que certains ne peuvent tout simplement pas se trouver en France.

Le 100% made in France, mission impossible

En matière de traçabilité, «à l’impossible nul n’est tenu», donc, pour reprendre l’adage juridique. Mais également, pour ces mêmes catégories de produits – ordinateurs, téléphones – il sera difficile de les consommer français, car les principaux constructeurs sont américains, chinois ou coréens, et, s’il existe des alternatives, elles impliquent une dépense importante. Pour les enceintes de musique, par exemple, il existe bien des marques françaises comme Devialet, mais avec un positionnement haut de gamme qui n’est pas à la portée de tous les ménages.

Si la volonté de consommer français, local, est louable, elle doit donc se faire à l’échelle et dans la mesure des moyens de chacun. L’important est de prendre le temps de se renseigner sur ce que l’on a l’intention d’acheter, en faisant ses recherches en amont de l’acte d’achat et en comparant plusieurs produits similaires.

Lorsqu’acheter un produit français n’est pas possible, l’acheter, à défaut, auprès d’un distributeur français a déjà un impact positif. L’essentiel est que chacun fasse à hauteur de ses moyens, en ayant conscience des répercussions de ses actes de consommation, tant positifs que négatifs. Se renseigner le plus possible est indispensable pour connaître l’étendue des choix existants, et ainsi trouver les alternatives responsables que l’on souhaite. 

Lire la suite sur Les Echos